Dommages du séisme de Charlevoix-Kamouraska en 1925

À proximité de l'épicentre, les dommages les plus importants furent observés. Cette zone consiste en une bande d'une trentaine kilomètres de large couvrant les deux rives du Fleuve St-Laurent. Sur la rive nord de la zone épicentrale, des dommages furent constatés à

Baie-St-Paul, St-Urbain, Les Éboulements, Pointe-au-Pic, La Malbaie, Tadoussac et quelques villages près de ceux-ci. Sur la rive sud, des dommages furent constatés à Ste-Anne-de-la-Pocatière, St-Pacôme, Rivière-Ouelle, St-Philippe, St-Denis, et St-Pascal. Souvent les vibrations furent amplifiées localement par d'épaisses couches argileuses sur lesquelles reposaient les structures. À 150 km de l'épicentre, la basse-ville de Québec fut touchée dû aux dépôts meubles de la rivière St-Charles et au remplissage dans le Port de Québec. À environ 250 km de l'épicentre, les villes de Trois-Rivières et Shawinigan furent touchées. Dans ces deux municipalités, les dommages sont reliés à la présence de dépôts meubles (sable, argile, remplissage).


Rive Nord

Baie-St-Paul

La ville est construite dans la vallée de la rivière du Gouffre. Ici les dommages mineurs était généralisés. Il y avait des fenêtres cassées, des cheminées tombées, de la vaisselle renversée. L'église catholique de Baie-St-Paul, une structure en pierre comprenant une tour de 45 mètres de haut, deux des grosses cloches furent jetées hors de leurs pivots et un mètre cube de pierre fut délogé du dessus de la tour.

St-Urbain

Le village est construit 13 kilomètres en amont de Baie-St-Paul sur la rivière du Gouffre. Les fenêtres cassées et les cheminées tombées étaient généralisées bien que les maisons ayant une charpente de bois solide furent épargnées. L'église en pierre, qui avait survécu au tremblement de terre de 1870, fut pratiquement détruite. Le clocher s'est incliné dangereusement vers le nord-est et est finalement tombé à 3:00 heure du matin onze jours après le tremblement de terre (11 mars), cassant la ligne téléphonique reliant Chicoutimi à Québec.

Les Éboulements

Ce village est situé sur la rive nord du Fleuve St-Laurent, 14 kilomètres en aval de Baie-St-Paul. Beaucoup de plâtre fut craqué dans les maisons et treize cheminées sont tombées-la plupart du temps vers le nord-ouest. Dans plusieurs cas, les murs des maisons en pierre étaient craqués.

Pointe-au-Pic

Pointe-au-Pic et La Malbaie sont deux villes voisines. À Pointe-au-Pic la plupart des cheminées furent endommagées. La maçonnerie de foyers fut craquée. Des statues ont tourné ou sont tombées. Les fondations ici étaient plus solides qu'à Baie-St-Paul, beaucoup étant sur le roc, minimisant les dommages. Le choc principal fut senti par l'équipage d'un train approchant Pointe-au-Pic ce matin-là.

La Malbaie

Ce village est construit en partie sur le roc et en partie sur des alluvions à l'embouchure de la rivière Malbaie. Ce village représente un excellent exemple de la différence entre les dommages infligés aux structures sur ces deux types de terrain. La prison, sur les alluvions, oeuvre massive construite avec de la pierre, était entièrement craquée.

Le vieux Manoir Cabot sur la rive nord du Fleuve St-Laurent, aussi de construction de pierre, a subi de graves dommages. Le mur sud a bombé, les grandes cheminées furent inclinées et la véranda s'est détachée du mur. Dommages dûs au cisaillement dans le plan du mur de de maçonnerie d'une maison résidentielle près de la région épicentrale. Hodgson (1925) mentionne que la maison reposait sur une pente sablonneuse épaisse. D'autres bâtiments à proximité n'ont pas été sérieusement endommagés.

D'autre part l'église, construite sur le roc, ne fut pas endommagée. Le lien entre le mur avant en pierre et les murs de plâtre est demeuré intact. Plusieurs fournaises furent retournés, mais aucun feu n'en a résulté. Beaucoup de cheminées furent tordues c'est-à-dire, qu'elles sont tombées de telle sorte que les briques étaient répandues par terre en forme de spirale à partir du pied de la cheminée.

Tadoussac

Beaucoup de cheminées furent endommagées et sont tombées généralement vers l'est.


Rive Sud

Des dommages considérables se sont produits sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent près de l'épicentre.

Ste-Anne-de-la-Pocatière

Ce village est situé sur la rive sud du Fleuve St-Laurent. La plupart des cheminées furent jetées par terre. La plomberie fut brisée. Le plâtre au-dessus des piliers dans la chapelle du collège fut détruit. Des pierres tombales dans le cimetière furent jetées au sol et plusieurs autres ont tourné sur elles-mêmes. De la poterie fut brisée un peu partout dans le village. La croûte de glace au-dessus de la neige a craqué au moment du tremblement de terre. Le sol gelé sous la neige a craqué formant un quadrillage rectangulaire et des tuyaux enterrés furent brisés.

St-Pacôme

Toutes les cheminées furent détruites. Des objets furent renversés ou déplacés sur le plancher. Un gros coffre-fort a bougé de plus de 30 centimètres. La chaussée gelée a craqué à des intervalles de plus ou moins 30 mètres et à un intervalle de 5 mètres en un endroit. Une grande craque s'est ouverte dans l'argile là où la vallée rencontre une falaise.

Rivière Ouelle

Presque toutes les cheminées dans la région ont été endommagées par le tremblement de terre.

Les murs de la gare furent délogées de la fondation jusqu'au plafond par la première secousse. Entre la gare et le Fleuve St-Laurent, trois maisons en pierre avec des murs d'épaisseur allant jusqu'à soixante centimètres furent gravement endommagées.

L'église, une structure massive construite en 1872, fut grandement endommagée. Les tuyaux d'orgue furent projetées ici et là dans la nef. L'église située sur d'épais dépôts d'argile ont été photographiés.

L'affaissement hors-plan du mur de maçonnerie non-renforcé (MNR) de l'église, typique pour ce type de structure, est attribuable au manque d'ancrage entre le toit et le mur. Quelques fissures de cisaillement dans le plan des murs sont également visibles. Contrairement à ce qui est énoncé dans Hodgson (1925), l'église n'a pas été démolie après le tremblement de terre. Des pierres des murs furent délogées et la grande cheminée de pierre est tombée sur le toit.

Dans le cimetière près de l'église, les pierres tombales furent renversées ou retournés. Quelques fissures dans des dépôts d'argile ont été également notées tout près dont une à côté d'une route à environ un kilomètre de l'église.

Photos prises quelques mois après le séisme et publiée dans Hodgson (1925).

St-Philippe

Ici les maisons étaient fabriquées avec de bonnes charpentes et leur fondation étaient sur le roc. Les dommages furent donc très minimes.

St-Denis

Le clocher de l'église était très haut et s'est balancé à un tel point que le ciment à la jonction du toit de l'église et du mur de la cheminée s'est effrité. Des statues à l'intérieur de l'église sont tombées vers le sud-est.

St-Pascal

Le village possédait une magnifique église qui avait subit des dommages lors du tremblement de terre de 1870. Les murs très épais furent craqués par ce tremblement et toutes les statues à l'exception d'une sont tombées par terre. Il en a coûté 5 000$ pour la réparer.

Québec

Les bâtiments les plus endommagés à Québec furent la Gare du Palais, les élévateurs à grains et les entrepôts d'expédition et de chargement aux abords de la rivière St-Charles. La basse-ville de la ville de Québec en 1925 montrant l'emplacement des élévateurs à grain et du terminal de train (Gare du Palais). Cette photo témoigne de la faible densité de population dans la basse-ville au moment du tremblement de terre. Toutes les régions agricoles montrées sont maintenant couvertes par des développements urbains établis la plupart du temps sur d'épais dépôts d'argile du type reconnu pour amplifier les vibrations des tremblements de terre. La ville de Québec est approximativement à 150 kilomètres de l'épicentre du tremblement de terre de 1925. Photo gracieuseté des Chemins de fer Canadien National.

La Gare est une construction d'acier et de briques. Ce bâtiment monumental dans la basse-ville a été construit avec de la maçonnerie non renforcée et des voûtes en acier au-dessus de grands aires découvertes. Photo par E.A. Hodgson. Le tremblement de terre a fait balancer la structure, brisant ainsi plusieurs panneaux vitrés dans les lucarnes et délogeant les rangées de briques supérieures du mur à l'extrémité nord de la salle d'attente. Quoique les journaux locaux ont rapporté des dommages à ce bâtiment, leur nature exacte n'est pas bien documentée. On sait que des fissures se sont développées au-dessus de grandes fenêtres dans une salle d'attente menant à l'effondrement de cinq rangées de briques. Les fissures se sont également développées dans beaucoup de murs, et une partie du plafond, du verre de lucarne et des lumières lourdes sont tombés. Photo pendant les réparations par E.A. Hodgson.

Les élévateurs à grains et les entrepôts de chargement furent construits sur un sol qui fut dragué à partir du fond de la rivière, qui fut mis en place et retenu par une série de pieux longeant la rivière. Les entrepôts ont une hauteur d'une dizaine de mètres. Des convoyeurs à grains, soutenus par une charpente en acier, passent au-dessus des entrepôts à une trentaine de mètres du sol. Les convoyeurs sont connectés à l'élévateur par un passage aérien. D'immenses balances pouvant supporter jusqu'à 60 tonnes de grains sont situées au sommet des élévateurs. Ces structures sont donc plus lourdes au sommet qu'à la base. Lors du tremblement de terre, le sol artificiel a cédé, les convoyeurs ont tangué d'un côté et de l'autre, délogeant ainsi la partie inférieure des piliers en acier de leurs supports en béton et tordant les armatures en acier. Dans les entrepôts, plusieurs sections des plafonds en béton furent jetées au sol. Quelques unes des balances au haut des élévateurs furent délogées de leurs pivots et sont tombées du côté sud, d'autres ont balancé d'un côté à l'autre en battant contre les portes. La charpente des élévateurs et la machinerie lourde qu'ils contiennent ont balancé suffisamment pour briser les supports en béton renforcé à la jonction entre le bâtiment principal et les élévateurs.

Dommages à une colonne portante en acier d'un élévateur à grain dans le port de la ville de Québec. La colonne a été décalée d'approximativement 8 centimètres à sa base due au mouvement et au tassement du substrat. On a rapporté que beaucoup de colonnes se sont enfoncées d'au moins 9 centimètres. D'autres dommages mineurs ont été enregistrés mais la plupart des équipements n'ont pas souffert du tremblement de terre.

À moins d'un kilomètre des élévateurs se trouve le Château Frontenac, qui lui est construit au haut d'une falaise rocheuse dans la partie centrale de la ville. Certaines personnes au Château n'ont même pas ressenti le tremblement de terre et personne n'a vaiment été alarmé. La différence entre les effets observés aux deux endroits situés très près l'un de l'autre est entièrement due aux deux types de terrain qui sont complètement différents.


Trois-Rivières

Les dommages dans cette ville furent minimes. Un réservoir d'eau supporté par des piliers en acier et rattaché au mur d'un bâtiment industriel a balancé suffisamment pour faire craquer le mur. Les huit derniers mètres d'un empilement de briques de 80 mètres de haut furent jetés au sol.

Shawinigan Falls

À Shawinigan, approximativement à 250 kilomètres de l'épicentre, quelques bâtiments ont subi des dommages. Puisqu'aucun dommage semblable ne fut rapporté entre Québec et Shawinigan, l'amplification due aux conditions géologiques locales doivent être responsables de ces dommages. Des dommages ont été essentiellement confinés aux effondrements hors-plans des murs de MNR.

Plusieurs murs de briques ou de pierres pourtant bien construits furent craqués parce que les bâtisses étaient situées près des pentes ou sur des terrasses argileuses. La charpente en acier d'un bâtiment industriel agissant comme un bélier pendant le tremblement de terre a suffit pour endommager et déloger des parties des pignons de la structure.

Des dommages à l'église St-Marc ont aussi été rapportés. La photo montre la chute hors-plan du mur de transept de MNR de l'église St-Marc à Shawinigan. Le clocher, la fenêtre et le parement extérieur de la partie inférieure de beaucoup de murs de maçonnerie se sont effondrés vers l'extérieur. Abbott (1926), qui a recencé les dommages à Trois-Rivière et à Shawinigan, a évalué le coût total associé au séisme à 17 000$ pour les deux villes.

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